Troubles du sommeil

Le Syndrome d’Apnée du Sommeil (SAS) est un trouble respiratoire nocturne. Il consiste en un arrêt prolongé total (apnée) ou partiel (hypopnée) de la respiration, survenant de manière répétée, et nuisant fortement à la qualité du sommeil. Selon le cas le plus fréquent, l’apnée du sommeil résulte d’une obstruction de la circulation d’air au niveau des voies aériennes supérieures (pharynx, larynx). Certains cas peuvent également avoir une origine neurologique, par anomalie du contrôle de la respiration au niveau cérébral. Le Syndrome d’Apnée du Sommeil se traite au moyen d’un appareil de ventilation à Pression Positive Continue, afin de rétablir le passage de l’air.

Un cycle de sommeil classique

Une nuit de sommeil « normale » est constituée de 3 à 5 cycles de sommeil qui se succèdent, chacun durant une heure et demie en moyenne. Ces cycles sont séparés entre eux par des micro-éveils, dont le dormeur n’a pas conscience.

Chacun de ces cycles est lui-même constitué de stades successifs (source : nomenclature de Rechtschaffen et Kales) :


Hypnogramme


STADE 1 : EVEIL
C’est l’état de veille classique que l’on connaît durant la journée. Lors des micro-éveils, ce même état est atteint brièvement plusieurs fois par nuit, de manière inconsciente.

STADE 2 : SOMMEIL « LENT »
Cet état constitue en moyenne 75-80% d’une nuit de sommeil.

- Phase 1 : somnolence
C’est le stade de l’endormissement. On baille, les yeux piquent, la vigilance se réduit, on ressent une sensation de fatigue…
- Phase 2 : sommeil léger, détente musculaire
Tous les muscles du corps se relâchent progressivement, y compris ceux situés au niveau du pharynx. Sans être forcément pathologique, un relâchement important de ces muscles provoque le ronflement.
- Phases 3 et 4 : sommeil profond
Les signes vitaux ralentissent et deviennent réguliers (ces stades se distinguent selon l’activité des ondes du cerveau). Le corps peut ainsi récupérer de la fatigue physique.

STADE 3 : SOMMEIL « PARADOXAL »
Cet état constitue en moyenne 20-25% d’une nuit de sommeil. A mesure que le temps passe, la durée de sommeil paradoxal par cycle augmente. Des signes vitaux tels que le pouls, la pression artérielle, le rythme cardiaque deviennent irréguliers. Les mouvements oculaires sont rapides tandis que l’atonie musculaire est maximale. C’est durant le sommeil paradoxal que surviennent les rêves dont on se souvient. En l’état actuel de la recherche, plusieurs hypothèses sont avancées concernant sa fonction : activation accrue des fonctions liées au processus sélectif de mémorisation et d’oubli, récupération des mécanismes oxydatifs, processus itératif permettant de préserver l’hérédité psychologique de la personnalité (Michel JOUVET)…

Micro-éveil, bref retour au stade 1.

Un cycle de sommeil chez une personne souffrant de SAHOS (Syndrome d’Apnée Hypopnée Obstructive du Sommeil)

Chez les personnes souffrant d’un Syndrome d’Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS), le relâchement des muscles du pharynx intervenant lors du second stade va obstruer ses voies aériennes supérieures, provoquant un arrêt respiratoire. Une apnée ou une hypopnée sont reconnues officiellement comme telles lorsqu’elles durent plus de 10 secondes, et qu’elles s’accompagnent d’une désaturation (baisse du niveau d’oxygène dans le sang) d’au minimum 3%. Il peut arriver que certaines apnées dépassent la minute.

L’effort fourni par le corps pour aller « chercher l’air » entraîne un micro-réveil. Celui-ci vient interrompre le cycle de sommeil, qui reprendra à son début.





SACS (Syndrome d’Apnée Centrale du Sommeil) et apnée mixte

Bien qu’il s’agisse d’un cas plus rare, certaines apnées ont pour cause l’absence du réflexe respiratoire durant la nuit. Elles n’ont donc pas de cause obstructive, mais les conséquences néfastes sur le cycle de sommeil sont identiques. On parle alors de Syndrome d’Apnée Centrale du Sommeil (SACS).

Il peut arriver que les deux syndromes se combinent. Cela peut survenir lors du même événement respiratoire, ou à des périodes différentes de la même nuit. Il s’agit dans ce cas d’apnée dite « mixte ».

Quelles conséquences sur la santé ?

Le patient affecté d’un syndrome d’apnée du sommeil souffre de maux de tête au réveil. Il est somnolent durant la journée, éprouve des difficultés à se concentrer ainsi que des troubles de la mémoire. Facilement irritable, il également peut souffrir de troubles de la libido, voire de dépression. Fréquemment, son entourage lui signale son fort ronflement nocturne, et peut remarquer ses arrêts respiratoires.

Les conséquences de l’apnée du sommeil sur l’organisme sont multiples et cumulatives :

  • Interruption du cycle de sommeil

Du fait des fréquents micro-éveils, le dormeur n’atteint que très peu la phase sommeil paradoxal, réparateur. Il ressent donc un état de fatigue durant la journée, pouvant aller jusqu’à un état de grande fatigue, incompatible avec la conduite automobile ou les tâches nécessitant une attention soutenue. Cet état est renforcé par le déficit d’oxygène dont souffre le cerveau.

  • Sur-sollicitation des fonctions de l’organisme, à l’occasion des micro-réveils

Chaque micro-réveil entraine une réactivation des fonctions vitales de l’organisme (cœur, pancréas…). Cela a été déterminé comme facteur de risque pour plusieurs pathologies liées : l’hypertension artérielle (1), maladies coronariennes (2), insuffisance cardiaque (3) accident vasculaire-cérébral (4), diabète (5).

Le traitement

Le traitement de référence actuel concernant l’apnée du sommeil consiste en une ventilation par pression positive continue (PPC). Il s’agit de maintenir ouvertes les voies aériennes supérieures du patient, afin de rétablir une bonne circulation de l’air durant ses nuits.

Ce traitement vise à permettre une amélioration de la qualité du sommeil (diminution notable des micro-éveils dus aux apnées interrompant les cycles) et d’une meilleure oxygénation du cerveau et de l’organisme. Des études notent également une diminution de la mortalité due à des accidents cardio-vasculaires (6), et au niveau de l’équilibre du diabète (7).



Pression positive continue


(1) – Chobanian AV et al. JAMA 2003 ; 289 :2560-72
(2) – Peker Y et al. Eur Respir J 2006; 28:596-602
(3) – Gottlieb Circulation 2010 ; 122 : 352-60 / Chami et al, Circulation 2011 ;123 :1280-6
(4) – Yaggi HK et al. N Engl J Med 2005; 353 :2034-41 / Artz M et al. Am J Respir Crit Care Med 2005; 175:1447-51
(5) – Punjabi AJRCCM 2009;179 :235-40 / Aronsohn et al. AJRCCM 2009; in press
(6) – Marin JM, Carrizo SJ, Vicente E, Agusti AG, « Long-term cardiovascular outcomes in men with obstructive sleep apnoea-hypopnoea with or without treatment with continuous positive airway pressure: an observational study » Lancet, 2005;365:1046–1053 / Peker Y et al. Eur Respir J 2006; 28:596-602
(7) – Babu et al. Arch Inter Med, 2005;165:447-452 / Hassaballa et al, Sleep Breath, 2005, 9:176-180

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